Chaque poste de travail sur chantier impose des gestes précis et une protection adaptée, sans quoi une chute, un éclat ou un bruit excessif peuvent transformer une tâche courante en incident grave. Ce cadre pousse à viser la prévention des risques et à renforcer la sécurité sur les chantiers BTP, dès la sélection des EPI et leur ajustement au poste.
Les chiffres d’accidents montrent une baisse nette lorsque les équipements sont adaptés, entretenus et remplacés au bon moment, avec des consignes claires et des contrôles documentés. Ces choix engagent la responsabilité de l’employeur et doivent démontrer une réelle conformité réglementaire, sans tolérer l’à-peu-près ni l’improvisation. Stop.
Risques par poste et EPI indispensables : de la tête aux pieds
Les métiers du gros œuvre, du second œuvre et des travaux en hauteur n’exposent pas aux mêmes dangers. Pour chaque poste, l’évaluation recense chutes d’objets, coupures, écrasements, projections, poussières, bruit et risques électriques. Cette cartographie se transforme en une analyse des postes partagée avec les équipes du chantier. Exemples concrets d’ateliers exposés et des protections attendues :
- Maçonnerie: casque, lunettes, gants, chaussures S3, bouchons ou casques anti-bruit.
- Coffrage/ferraillage: casque, gants anti-coupure, lunettes, chaussures S3.
- Découpe/meulage: écran facial, gants adaptés, FFP3, protection auditive.
- Charpente/couverture: casque, harnais antichute, longes et ancrages certifiés.
- Électricité: gants isolants, visière, chaussures isolantes, vêtements retardateurs de flamme.
Le choix s’effectue poste par poste et se vérifie sur le terrain. Les zones de levage et de grutage imposent une protection de la tête efficace. Sur sols humides ou percés, privilégiez des chaussures de sécurité S3 antidérapantes. Les opérations de coupe exigent des gants anti-coupure au bon niveau. Près des marteaux-piqueurs et scies, une protection auditive adaptée réduit la fatigue sonore.
Quelles normes EN garantissent la conformité des EPI ?
Les références européennes permettent de sélectionner un EPI qui tient ses promesses et de vérifier sa fiche CE. Pour les casques de chantier, la norme EN 397 précise les exigences de choc, de pénétration et de résistance à la flamme. Les chaussures sont classées selon EN ISO 20345, avec des niveaux SB à S7 et des marquages additionnels pour l’adhérence, l’eau ou la chaleur.
Astuce : contrôlez l’étiquette, la notice et la date de fabrication pour confirmer la norme et la classe de performance.
Les protections oculaires se choisissent via des lunettes EN 166, qui couvrent résistance mécanique, projections, antibuée et antirayures. Les travaux en hauteur réclament un ancrage fiable et un harnais EN 361 assorti de longes et connecteurs conformes. Un registre de contrôle et la traçabilité documentent ces vérifications auprès du chef de chantier et du coordonnateur SPS.
Attribution des EPI : qui fournit quoi et à quel moment ?
Sur un chantier, l’employeur fournit gratuitement des EPI adaptés au poste, avant toute intervention et lors de chaque arrivée sur site. L’attribution s’appuie sur l’évaluation des risques, les fiches de poste et l’accès aux zones critiques. Elle comprend la dotation initiale en EPI, assortie d’une remise contre émargement pour tracer la délivrance. Tailles, hygiène et péremptions sont prises en compte. Le remplacement suit l’usure, la perte ou le changement d’activité.
Avant la prise de poste, une information pratique est donnée, avec essais et réglages. Cette étape inclut la formation au port pour ajuster casques, harnais et protections auditives, et rappeler les limites d’usage. L’encadrement applique une procédure d’affectation claire: EPI nominatifs quand nécessaire, pool dédié pour consommables, et retrait immédiat des équipements non conformes.
| EPI | Fournisseur | Moment de remise | Norme EN applicable | Vérification périodique minimale | Remise/émargement |
|---|---|---|---|---|---|
| Casque de chantier | Employeur | Embauche ou avant accès chantier | EN 397 | Pré-usage + examen annuel conseillé | Fiche de remise signée |
| Casque isolant électricien | Employeur | Avant travaux sous/sans tension | EN 50365 | Pré-usage + test périodique selon notice | Fiche de remise signée |
| Chaussures de sécurité | Employeur | Embauche ou changement de poste | EN ISO 20345 | Pré-usage + contrôle semelles/tiges mensuel | Fiche de remise signée |
| Gants risques mécaniques | Employeur | Selon tâche/risque | EN 388 | Pré-usage + remplacement dès usure | Fiche ou sortie magasin |
| Gants risques chimiques | Employeur | Avant manipulation de produits | EN ISO 374-1 | Pré-usage + respect temps de percée | Fiche ou sortie magasin |
| Lunettes/écran facial | Employeur | Avant travaux à projections | EN 166 | Pré-usage + nettoyage journalier | Fiche de remise signée |
| Protection auditive | Employeur | Avant exposition ≥ 80 dB(A) | EN 352 | Pré-usage + hygiène quotidienne | Fiche de remise signée |
| Vêtements haute visibilité | Employeur | Zones de circulation/engins | EN ISO 20471 | Pré-usage + contrôle bandes rétro | Fiche de remise signée |
| Vêtements intemperies | Employeur | Travail sous pluie/vent | EN 343 | Pré-usage + séchage adapté | Fiche de remise signée |
| Appareils filtrants FFP | Employeur | Avant exposition poussières | EN 149 | Pré-usage + remplacement filtre jetable | Fiche ou sortie magasin |
| Demi-masques réutilisables | Employeur | Avant exposition gaz/vapeurs | EN 140 + EN 143/14387 | Pré-usage + inspection mensuelle | Fiche de remise signée |
| Harnais antichute | Employeur | Avant travail en hauteur | EN 361 | Pré-usage + examen détaillé ≤ 12 mois | Registre de vérification signé |
| Longe/absorbeur/enrouleur | Employeur | Avec harnais selon ancrage | EN 354/355/360 | Pré-usage + examen détaillé ≤ 12 mois | Registre de vérification signé |
| Connecteurs/mousquetons | Employeur | Avec système antichute | EN 362 | Pré-usage + examen détaillé ≤ 12 mois | Registre de vérification signé |
Contrôle, entretien et traçabilité : comment rester conforme au quotidien ?
Le maintien du niveau de protection repose sur des gestes simples répétés chaque jour. Avant l’utilisation, une vérification visuelle repère fissures, coupures, coutures lâches, écrasements de mousquetons ou filtres saturés. Puis un programme de contrôle périodique des EPI fixe des échéances selon la catégorie et la notice. Tout équipement douteux est étiqueté, isolé, et soumis à expertise par une personne compétente.
Chaque pièce reçoit un identifiant unique pour assurer la traçabilité matérielle tout au long de sa vie. Les inspections, défauts et affectations alimentent un registre de suivi papier ou numérique. Après usage, mettez en œuvre un nettoyage et stockage conformes: lavage doux, séchage à l’air, boîtes propres, sacs anti‑UV et zones ventilées sécurisées.
Remplacement, fin de vie et gestion des stocks : éviter les ruptures et les risques
Casques, gants, lunettes, harnais et chaussures s’usent avec les chocs, l’UV et la sueur. Un harnais impliqué dans une chute est réformé sans discussion, et un casque fendu quitte le chantier. Suivez les notices et, pour chaque EPI, consignez la date de mise en service selon la durée de vie du fabricant annoncée par le fournisseur.
Un registre illustré présente les dommages typiques et les tolérances admises. Il clarifie les critères de remplacement acceptés par tous. Un logiciel ou un tableur pilote la gestion des stocks par tailles et métiers. Paramétrez des seuils d’alerte pour gants, bouchons d’oreilles et visières, avec des kits tampon dans un coffre dédié aux équipes itinérantes.
Sanctions et prévention : réduire les accidents et sécuriser chaque poste
L’employeur, le chef de chantier et le coordonnateur SPS ont des obligations claires. L’absence d’EPI peut entraîner des amendes, la fermeture administrative, voire des poursuites fondées sur les responsabilités pénales. Mettez à jour le plan de prévention avec l’entreprise utilisatrice et les sous‑traitants, en listant les EPI par poste et les zones à fort bruit.
Les ateliers mains et yeux génèrent la majorité des blessures sur le BTP. Basez vos actions sur des statistiques d’accidents locales, vérifiées avec la CARSAT ou l’OPPBTP. Des quarts d’heure sécurité et des jeux sérieux renforcent une culture de la sécurité concrète. Après chaque incident, organisez un retour d’expérience court: faits, causes, barrières et actions vérifiables.